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L'Albanie en caravane
7 août 2014

Raki pour tout le monde

Nous entamons la longue remontée de notre périple (1). Ce soir, nous devons rejoindre nos amis. C’est un autre chapitre du voyage qui va s’ouvrir. Nous faisons nos adieux au camping, au lac et ses habitants (poissons, crabes et serpents). A part la partie jusqu’à Lin, la route sera tout à fait correcte. La Sh 3 suit le cours du fleuve Shkumbin, celui-là même qui marque la frontière entre dialecte guègue et tosque. Paysage de fond de vallée classique plutôt bucolique, avec en arrière-plan des falaises calcaires qui s’élèvent au-dessus des forêts. Quelques villages par ci par là avec leurs anciennes industries à l’abandon et les sempiternelles maisons toutes neuves qui se mêlent aux immeubles délabrés. Ici, une série de Lavazh profitent d’une source proche pour briquer les voitures des automobilistes. Là, une vielle passerelle traverse le fleuve. L’une des rares voies de chemin de fer albanais nous accompagne. Elle traverse tunnels et viaducs abîmés.

Nous arrivons à Elbasan, l’une des villes étapes de la Via Egnatia. Cette voie romaine qui reliait Rome à Byzance en passant par Durrës, et traversait l’Albanie et tous les Balkans. Elbasan. Cette sonorité résonne agréablement à mes oreilles. Elle chante comme une des mille et une villes de la route de la soie, un nom qu’on situerait volontiers dans l’ancienne Perse, près de Samarcande ou sur les hauts-plateaux Kirghizes. Le problème, c’est qu’aujourd’hui, les caravansérails n’existent plus, et que notre chameau est un attelage de ferraille de 10m de long qu’il faut laisser sur un parking. L’unique parallèle avec une ville de l’époque de la soie, c’est que sur le coup de midi, les rues sont pleines, encombrées de toutes sortes d’engins et de piétons, que l’animation est à son comble, nous frayer un passage dans le flux et le reflux n’est pas évident. A défaut de trouver une vraie place où nous garer, je m’engage dans une rue qui se termine en cul de sac, juste devant l’esplanade du bazar en travaux. Je détèle la caravane, gare la voiture, place la remorque juste à côté. Pas très orthodoxe comme emplacement, mais rien ne semble m’empêcher l’arrêt.
Il fait une chaleur terrible aujourd’hui. La petite fraîcheur agréable du plateau du lac d’Ohrid est déjà un vieux souvenir. Dans cette ville en fond de vallée la température est torride. Nous traversons quelques étals de marché où des femmes vendent fromages, œufs, fruits et légumes. Nous nous arrêtons sur une terrasse d’un café pour manger un bout. La jeune fille qui nous accueille ne parle pas un mot d’anglais, ni d’une autre langue. Nous avons toutes les peines du monde à commander quelque chose, mais nous y parvenons finalement. Comme elle est tout à fait sympathique, nous passerons un moment agréable. Et même plutôt marrant quand elle arrive avec un smartphone avec une appli « translate ».
Elbasan fait partie des villes historiques du pays. De sa place forte de la Via Egnatia, elle a hérité d’une forteresse dont les murs, tour crénelée, portes et tour d’horloge sont encore très bien conservés. A l’intérieur, un peu comme à Korcë, les ruelles forment un petit labyrinthe fort agréable à parcourir.  Comme à Korcë, les architectures se superposent, se croisent, se fréquentent dans un joyeux assortiment hétéroclite. Sur les boulevards qui entourent la cité fortifiée, s’écoule la vie moderne, magasins, restaurants, terrasses, cafés et une multitude de négoces vendant des robes de mariage. Dans le cœur de l’après-midi, la ville se vide. De rares dames arborant des ombrelles décorées - peut-être un legs de l’amitié sino-albanaise - traversent les rues pour rentrer chez elles. Les enfants font un petit tour de manège dans un parc.  Le forain, sans doute assoupi par la chaleur, s’endort dans son kiosque et le tour s’éternise. Juste à côté, un homme vend du tabac en vrac sur son étal. Les bus de villes longent les remparts, les inscriptions défilantes indiquent : bonne année, trahissant l’origine des véhicules.
Mais Elbasan est aussi connue pour être un grand centre industriel avec la mise en place, dans les années 70, d’un grand centre sidérurgique avec l’aide chinoise. Ce vaste complexe entraîna une des plus fortes pollutions industrielles du pays, voire d’Europe.

 

Elbasan
Les remparts d'Elbasan

Elbasan Elbasan

Elbasan Elbasan
Les rues d'Elbasan

Elbasan Elbasan

Elbasan Elbasan
Magasins de robes de mariage

Elbasan Elbasan

Elbasan

Elbasan
Le bonne année sur les bus

 
Nous retrouvons voiture et caravane. Après avoir attelé devant quelques paires d’yeux curieuses et amusées, nous reprenons la route, direction Tirana. Depuis peu, la route qui reliait les deux villes est secondée par une autoroute qui traverse la montagne en empruntant un tunnel flambant neuf. Au moment de notre passage, elle n’était pas entièrement terminée. Du coup, on se retrouve sur une remarquable portion qui s’arrête brutalement pour redevenir une route au standing albanais. Et c’est comme ça que nous arrivons à Tirana. L’autoroute longe de nouvelles banlieues, parfois chics. A la vue des très nombreux immeubles qui poussent dans la plaine entourant la ville, on mesure l’amplitude de l’exode rurale et la pression démographique qui s’exerce sur la capitale. La ville devient tentaculaire. De 170 000 habitants dans les années 60, elle concentre, aujourd’hui, pas loin d’un million d’albanais sur les trois vivants dans le pays. Difficile pour les pouvoirs publics de suivre le mouvement. Et voilà que l’autoroute, parfaite jusqu’à l’entrée dans la ville, s’arrête nette, nous obligeant à pénétrer dans des ruelles étroites avec la caravane. Nous cherchons notre chemin un peu au feeling, pas la peine de chercher un quelconque panneau. Je suis le flot le plus important de la circulation et nous parvenons tout de même à nous extirper du centre. D’accord, il faut un peu jouer du rétroviseur – il faut oublier les clignotants, complétement inutiles en Albanie – et s’imposer un petit peu, nous avons le gabarit pour, mais au fond, je trouve les albanais au volant plutôt corrects. Comme souvent dans ces pays méditerranéens, il suffit d’oublier ses propres codes – et d’ailleurs le code de la route tout court – et de se plier au code local pour rouler à son aise. Ou l’art de faire du désordre un système organisé.
Nous ne verrons de la capitale que quelques artères asphyxiées par la circulation, des immeubles, et surtout le grand boulevard transformé en zone commerciale – avec des enseignes types carrefour - qui sort de la ville en direction du nord du pays. J’aurais bien aimé m’arrêter jeter un œil à cette ville en perpétuelle mutation, et donc intéressante. Mais pas la peine de galérer avec la caravane. Elbasan était déjà un périple, alors, ici, cela risque d’être encore pire. A ce moment-là, nous pensons encore qu’il sera possible, à partir de Shkodër, de venir pour la journée à Tirana. Un peu trop ambitieux pour contrer l’inertie d’un groupe de 8 personnes.
Bientôt, nous serons au pas pendant des kilomètres sur la route de Shkodër. La circulation est vraiment dense dans les deux sens. Camions, vacanciers, locaux, diaspora, tout le monde est sur la route. Après Krujë, la nouvelle autoroute qui se dirige vers le Kosovo aspire une partie des automobilistes. Nous passons le district de Lezhë sous un ciel plombé. Au fond, les masses sombres, inquiétantes, des Alpes albanaises se rapprochent. Nous nous faufilons dans Shkodër, la capitale du nord. Voilà le camping, le lake Shkodra Resort (2) où nous attendent nos amis qui ont passé quelques jours sur la côte monténégrine. Idéalement situé à un pas de la frontière, posé au bord du lac Shkodra (ou Skadar en Monténégrin), il est immense comparé à tous les campings fréquentés jusqu’ici. Aux normes toutes occidentales, il accueille des touristes venus de toute l’Europe. Pascal et Karine nous ont réservé un emplacement près de leur tente. Après l’installation, nous pouvons passer à l’apéro et à nos récits de voyage. Pascal et Karine ont deux filles, une adolescente, Margot et Colline, 9 ans. Après presque un mois d’immersion en famille, les enfants sont ravis de pouvoir jouer avec des copines. Et nous aussi… la soirée s’éternise un peu au restaurant du camping, au bord de la plage aménagée du lac, avec vue sur le Monténégro sur l’autre rive. Nous finirons le repas en avalant quelques rakis qui laisseront quelques traces le lendemain.

 

Lac Shkodra

Lac Shkodra
Les montagnes du Monténégro derrière le lac

Lac Shkodra
Le resort camping et les Alpes Albanaises

 

___________________________________________________________________________________

 

1 :

Shkodër

 

2 : Le site du camping

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