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L'Albanie en caravane
23 juillet 2014

Les charmes de Berat

Il fait moche ce matin. Les nuages lourds enveloppent les sommets des montagnes et la pluie menace. Nous montons directement à la citadelle pour visiter le musée Onufri. Il s’agit d’une des plus importantes collections d’icônes d’Albanie, dont les œuvres du maître Onufri. Le musée est situé dans l’église de la Dormition-de-la-vierge. Comme toutes les églises bâties aux temps des ottomans, l’édifice religieux se fait discret de l’extérieur, sans fioritures, ni signes ostentatoires. Les ottomans autorisaient les chrétiens - et aussi les juifs - à pratiquer leur foi, mais la hauteur des églises ne devaient pas dépasser les mosquées. Il n’est pas rare de voir dans les Balkans, des églises « enterrées ». De dimensions modestes à l’extérieur, elles donnaient toute leur mesure quand on y pénétrait.

Eglise dans la citadelle
Une des nombreuses églises discrètes


La Dormition ne déroge pas à la règle de la discrétion, mais une fois qu’on pénètre dans une petite cour intérieure, sorte de cloître avec une arcade à arches, elle dévoile une architecture raffinée. Notamment son porche d’entrée surmontée d’un arc tout en courbe que n’aurait pas renié Gaudi. Mais c’est donc sa collection d’icônes qui est le clou du spectacle. Les œuvres sont exceptionnelles et témoignent de cet art si particulier de la foi orthodoxe. Les icônes sont en effet soumises à de grandes contraintes artistiques (Dans les traits, les couleurs, les matières etc...). Ces contraintes se traduisent donc par une grande homogénéité de cet art à travers tout le paysage orthodoxe. L’iconostase en bois finement sculpté est magnifique. Cette cloison a pour fonction de de séparer le lieu où se tient le clergé du reste des fidèles dans le cœur. C’est une porte vers « le monde divin ». 
Je remarque sur l’un des petits tableaux en bois représentant la Cène, qu’à la gauche du Christ se tient, légèrement penché vers lui, un personnage aux traits très féminins.  Le sujet principal du Da Vinci Code - Marie Madeleine - se retrouverait donc également sur une icône d’un auteur anonyme du XVIIIème siècle au cœur de l’Albanie. Je brave les interdits et photographie le tableau.

 

L'iconostase

 

DSCF1970.JPG

 

La cène
Le musée de la Dormition de la Vierge

 

 
Reproduction des icônes

 

Berat enferme également dans son histoire un bien inestimable classé « mémoire du monde » par l’Unesco. Ce sont deux des sept Codex Pourpres (deux autres sont en Italie, un en Angleterre, un en France, un en Grèce). Ces codex qui se suivent du VIème siècle jusqu’au XVIIIème siècle, sont des œuvres essentielles car elles permettent de connaître l’existence d’auteurs ou d’ouvrages aujourd’hui disparus. Beratinus - 1, par exemple, daté du VIème siècle, est l’une des quatre plus anciennes références du nouveau testament. Aujourd’hui, ils sont conservés précieusement aux Archives Nationales de Tirana.

En ressortant de la citadelle, des dames qui vendent quelques broderies et breloques aux touristes, offrent à Ivann des morceaux de pastèque bien juteux.

 

La citadelle
La citadelle

 

Nous redescendons vers la ville basse et nous avons à peine le temps de nous garer sur la place principale qu’un orage éclate. Nous en profiterons pour boire un café turc et écrire des cartes postales. Assis à la terrasse du café où des policiers en pause palabrent et un vieux musulman égrène son chapelet, nous avons la mosquée de plomb à notre droite et la nouvelle et imposante église orthodoxe à notre gauche.

 

DSCF2004.JPG
A la terasse

 


La pluie ayant cessée, nous faisons quelques pas autour des mosquées. Celle de « plomb» est fermée pour cause de restauration. Sur les panneaux annonçant durée et coût des travaux, le drapeau turc se pavane. Si l’Europe empêche la Turquie de rentrer dans l’UE, les capitaux de l’étoile et du croissant ne se font pas prier. Nous avions déjà fait ce constat l’an dernier du côté de la Bosnie. Je suis encore surpris -  et ravi – de voir la croix chrétienne s’élever en arrière-plan des dômes de plomb de la mosquée. J’adore ce symbole.

 

DSCF2006.JPG
Cohabitation religieuse


Dans la mosquée du Roi, la plus ancienne de la ville, c’est l’heure de la prière. Inutile donc de s’aventurer à la visiter. Mais que c’est beau d’entendre le chant du muezzin. A chaque fois, c’est un frisson garanti. Juste à côté de la mosquée se dresse le teke Helveti dont nous pouvons observer les beaux plafonds de bois sculptés. 

 

 


Nous ne nous embarrassons pas pour déjeuner. Nous allons directement dans le meilleur restaurant de la ville, le Mangalem. Situé dans une belle demeure ottomane aux grosses poutres apparentes, l’architecture  vaut le coup d’œil. Il fait aussi office d’hôtel. Nous mangeons sur sa terrasse avec une belle vue sur la ville et ses minarets à deux pas.  Et nous mangeons bien. Je prends des kokorec (des abats d’agneau grillés) et Sophie, une espèce de flan parfumé à l’aneth, servi dans un petit plat en terre cuite. Nous gouttons aussi au tarator, une soupe de yaourt aux concombres, très répandue dans les Balkans. Les gosses avalent des bureks parfaitement réalisés. Une fois n’est pas coutume, nous terminons avec un dessert, des baklavas.

 


Repas au Mangalem

 

Pour digérer, nous faisons le tour de la ville par ses deux quartiers historiques. Nous naviguons au hasard des ruelles qui nous offrent quelques images pittoresques. La flânerie est tout à fait agréable. Les rues sont parfois si étroites, que nous devons les franchir  à la queue leu leu. Gorica est plus aérée que sa grande sœur Mangalem.  Les églises se cachent au milieu des hauts murs de pierre. Ici aussi, au hasard des ruelles, on découvre quelques bâtisses vraiment remarquables. Souvent, des vues nous ménagent un spectacle fascinant sur Mangalem et ses mille fenêtres.
Le tableau est parfait.

 

Mangalem      Mangalem

Mangalem vue de Gorica

Gorica depuis le pontBerat

 

Sur l’autre rive, après avoir franchi l’Osumit sur le vénérable pont ottoman, nous rencontrons une tortue peu farouche près de la mosquée des Célibataires. Comme beaucoup d’entre elles dans les Balkans, cette mosquée arbore de belles fresques sur sa façade extérieure. Mais, comme souvent, le lieu de culte est fermé.

Mosquées des Célibataires

 


Fresque sur la mosquée
Mosquée des Célibataires

 

Le ciel est toujours menaçant et nous avons juste le temps de faire un tour dans la nouvelle ville où bat le cœur commerçant de la cité. Sur l’artère piétonne en restauration qui borde le parc près de la rivière,  je m’arrête devant la statue de Margarita Tutulani. La jeune femme de 19 ans été exécutée par les fascistes en 1943. Les statues des « héros communistes » sont généralement très austères, mais celle-ci dégage une vraie douceur. La beauté de la jeune femme est à la hauteur de l’injustice subie. Malgré le NEVER dans la montagne, cette statue hommage à une héroïne communiste, conserve sa place privilégiée au cœur de la ville.

 

 

Margarita Tutulani
Margarita Tutulani, héroïne communiste



Au camping, nous passons un bon moment à parler avec nos voisines, deux femmes vers la cinquantaine, en caravane Eriba. Ces petites caravanes sont bien mignonnes et elles nous donnent des idées pour l’avenir. Avec leur accent d’Avignon, elles nous font bien marrer en nous racontant des anecdotes de leur voyage. Elles aussi sont enchantées par la gentillesse des albanais. Je laisse un moment le camping pour rejoindre Ura et faire des courses. Je trouve une poissonnerie et achète une belle truite.
Juste à côté du camping, il y a, parait-il, la meilleure cave à vin du pays. Je me demande encore aujourd’hui comment nous avons fait pour ne pas la visiter et ramener des échantillons de notre périple.

 

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