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L'Albanie en caravane
24 juillet 2014

La canyon de l'Osum

Un franc soleil accompagne notre réveil, et il tombe bien. Nous partons faire une petite excursion en voiture le long de la rivière Osum. Dommage que le Tomor persiste à vouloir se cacher dans les nuages. Là-haut, à plus de 2000m, chaque fin août, se déroule le plus important pèlerinage des bektachis. 80 à 90 000 d’entre eux font l’ascension de « l’Olympe Albanais » pour rendre hommage à Baba Abaz Ali, Saint Martyr de la secte.
Notre pèlerinage à nous, nous conduit cahin-caha, sur des routes en très mauvais état jusqu’à la petite ville de Çorovodë. Le paysage est de toute beauté, savant mélange entre les parcelles agricoles des petites plaines créées par la rivière et les anciennes cultures en terrasses qui s’agrippent aux pentes et vont se perdre à l’orée d’une forêt de montagne. Il en est autrement des villages que nous traversons, et notamment Poliçan, une ville « nouvelle » dont le centre est en chantier avec une route totalement défoncée. En contre bas du petit centre urbain, on aperçoit les ruines d’une ancienne usine. Apparemment, elle était spécialisée dans l’industrie de l’armement. Etrange de voir ces immeubles délabrés dans un tel environnement naturel.

Poliçan Poliçan
Les rues de Poliçan

 

D’ailleurs, ce n’est pas un hasard si nous venons jusqu’ici. Le but est de découvrir les beautés du canyon Osum. Mais avant, nous nous arrêtons sur la terrasse ombragée d’un restaurant  de Çorovodë. Nous avons tout de même mis plus de deux heures pour parcourir les 60km depuis Berat. En Albanie, il ne faut pas être pressé, et les distances se calculent en temps plus qu’en kilomètres. Nous mangeons un repas des plus classiques avec un beefsteak de veau, salade et un fromage crémeux trempé dans l’huile d’olives. La terrasse, pleine à notre arrivée, se dépeuple d’un seul coup dès que 13h sonne. Comme partout en Albanie, l’ambiance est très masculine. Et à voir tous ces hommes réunis, on peut penser que les albanais ont énormément de choses à se raconter.

 

Vallée de l'Osumit
En remontant l'Osum

Corovodë
Çorovodë

Terrasse
Fromage frais à l'huile d'olive

 


Après la petite ville, nous avons l’agréable surprise de constater que la route a été rénovée récemment. Nous pouvons donc profiter du spectacle du canyon en toute quiétude. L’Osum a creusé sur une quinzaine de kilomètres un paysage extraordinaire. La rivière se faufile ainsi entre des hautes parois rocheuses, dont les formations tabulaires sont impressionnantes. Cela me fait penser, toute proportion gardée, aux Tépuys du film d’animation « Là-haut ». Des grandes assiettes de rochers se superposent pour créer un décor un peu irréel.  A certains endroits, les deux falaises se touchent presque, on pourrait presque enjamber le vide pour passer d’une rive à l’autre.

 

Canyon


Le canyon de l'Osum

 

Nous posons la voiture quelques minutes pour jeter un œil sur un pont brinquebalant qui est toujours utilisé par les habitants du coin. La rivière, boueuse, glisse le long des parois dans une ambiance de Far-West. Impressionnant. Tout autour, le regard s’accroche sur des petits villages isolés que rejoignent des chemins improbables.

 

 


Nous croiserons bien quelques vacanciers avec des canoës, mais le site est tellement beau que je n’imagine même pas ce que cela pourrait donner chez nous, en terme de tourisme de masse. Il existe bien des descentes en rafting organisé au départ de Berat, et surtout de Tirana avec les premières agences albanaises de voyages sportifs (1), mais cela reste tellement balbutiant que nous ne verrons aucune publicité sur Berat pendant toute la durée de notre séjour. La route, parfaitement goudronnée, nous indique tout de même que le pays va se réveiller d’ici peu. Je parie que dans quelques années, il faudra jouer des coudes pour descendre l’Osum. Le goudron s’arrête net sur un pont qui franchit la rivière. A partir de là, ce n’est plus asphalté. Et d’après ce que j’ai entendu de ci de là, pas praticable sans un 4 x 4. Il n’y a pourtant que 20km pour rejoindre Permet qui n’est elle-même située qu’à 50 bornes de la frontière grecque. Aujourd’hui, il faut presque remonter sur Durrës pour repiquer ensuite vers le sud. 
Les collines qui bordent la rivière alternent les parties très sauvages où paissent quelques chèvres, des mules de bât, des ânes et des vaches. Il est assez fréquent d’apercevoir des vieux messieurs marchant sur le bord de la route, tenant en laisse une vache. Et ceci dans tout le pays. Une vache. Au plus fort de la folie d’Enver Hoxha, il était interdit de posséder une vache à titre privé. Les bêtes étaient toutes collectivisées. Même les poules… mêmes les poules.

Les mules albanaises
Une mule


Il fait très chaud aujourd’hui et nous ne résistons pas à l’appel de la rivière. Nous trouvons une petite plage agréable pour nous tremper dans l’eau argileuse. Le site est vraiment beau avec sa gorge profonde et son pont suspendu. Les enfants s’amusent avec l’argile et confectionnent des objets. Dommage, comme toujours, que des sacs poubelles soient abandonnés derrière un arbre.

 


Notre petit coin de baignade



Sur le retour, nous apercevrons une petite tortue au beau milieu de la route. Puis, pendant que mes trois acolytes ronflent allégrement, je fonce vers Berat avec le soleil couchant dans les yeux. Les images des gens qui travaillent la terre, des vergers, des vignes, du blé, du maïs, de quelques serres, s’impriment sur ma rétine. Dans les bleds, les hommes s’affairent autour des joueurs de dominos, pendant que les gosses courent dans les rues. Les femmes, elles, se font discrètes.

 

Tortue dur la route

Joueurs de dominos Sur la route

Cultures
Différentes images sur la route



De retour à Berat, nous terminons la journée en ville. L’artère piétonne qui longe la rivière est en travaux, on y refait le pavage. Louna, tête en l’air, mettra le pied dans un des trous, jusqu’au genou, manquant de se faire vraiment très mal. Les gens se donnent à leur passe-temps favori, le Xhiro (Giro).  Il suffit de se poser à une terrasse pour apprécier ce théâtre des rues. Des couples, des jeunes filles bras-dessus bras-dessous sur des talons compensés, des jeunes hommes qui font semblant de ne pas les voir, des familles avec des enfants en mouvement, des vénérables messieurs toujours très élégant avec Borsalino sur la tête, chemise et veston. Ces moments sont aussi l’occasion de faire connaissance avec les métiers de rues : chargeur de gaz de briquet, vendeurs de cigarette à l’unité, de graines de tournesol, de maïs grillés, glaciers, pèse-personne avec sa balance, gardien de parking, etc… etc… Et bien sûr, enfant roi, il y a des manèges, dont les petits voiturettes ou motos électriques de mon enfance. Oui, la rue albanaise est  un véritable voyage dans le voyage.

 

 

 

Ce soir, ce sera repas au restaurant du camping. Nous ne traînerons pas trop, demain nous prenons la direction du sud et de la mer…

 

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1 : Des images de la descente en rafting

 

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